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R.D.Congo/Cobalt: CMOC et Glencore s’opposent sur l’interdiction d’exportation

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Vue générale de l'entrée de la mine de cuivre-cobalt de Mutanda, propriété de la société anglo-suisse Glencore, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, le 19 juin 2023. La République démocratique du Congo produit plus de 70 % de l'offre mondiale de cobalt. Ce métal est un composant essentiel des batteries et est considéré comme un élément clé de la transition vers les énergies renouvelables. (Photo par Emmet LIVINGSTONE / AFP)

Un bras de fer oppose actuellement deux géants du secteur minier – le chinois CMOC et l’anglo-suisse Glencore – sur l’avenir de l’interdiction d’exportation du cobalt en République démocratique du Congo (RDC). En place depuis février, ce moratoire influe fortement sur l’équilibre de l’offre mondiale et sur les stratégies des industriels du secteur.

Le sommet sur le cobalt qui s’était tenu à Singapour il y a deux semaines avait permis de mettre en lumière les différente postures des acteurs du secteur, leurs convergences et divergences sur l’industrie.

Pression pour lever l’embargo

CMOC, premier producteur mondial de cobalt en RDC, réclame la levée rapide de la suspension des exportations. Kenny Ives, vice-président du groupe, avertit que les stocks détenus par les clients chinois “s’épuisent rapidement” et que poursuivre l’embargo risquerait de pousser les constructeurs automobiles à accélérer leur transition vers des batteries lithium-ion sans cobalt, ce qui menacerait la demande future en ce métal stratégique. L’information de Mr. Ives contraste avec celle de Shirley Wang, directrice de la Shanghai Metals Market qui avait déclaré que les consommateurs chinois avaient assez de stock pour tenir six mois malgré l’interdiction.

Maintien préconisé par Glencore

À l’opposé, Glencore se prononce pour le maintien du statu quo afin de rééquilibrer le marché mondial. Pour le groupe, l’interdiction a permis de faire remonter les cours et de prévenir une nouvelle surabondance de l’offre. Glencore propose même l’instauration d’un système de quotas mensuels d’exportation, plus souple qu’un moratoire total, et se dit prêt à soutenir cette mesure auprès des autorités congolaises.

Un moratoire jusqu’au 22 juin 2025

Officiellement, le moratoire court jusqu’au 22 juin. À ce jour, Kinshasa n’a pas tranché : le président Félix Tshisekedi a évoqué publiquement la possibilité d’une prolongation, soulignant la nécessité de garantir des revenus stables pour l’État tout en préservant la compétitivité des acteurs locaux.

Mais en cas de levée, il est quasi certain qu’elle soit accompagnée des mesures d’accompagnement, telle que des quotas à l’exportation, de façon à permettre de soutenir la remontée des cours sur le marché international.

Conséquences sur les cours

Depuis l’instauration de l’embargo, le prix du cobalt a bondi de plus de 50 %, passant de 21 000 $ à plus de 33 000 $ la tonne sur le London Metal Exchange. Cette flambée illustre la place centrale de la RDC dans l’approvisionnement mondial et le rôle déterminant de ses décisions politiques pour la filière des batteries électriques.


POURQUOI C’EST IMPORTANT: Le verdict congolais sur l’embargo sera scruté de près par l’ensemble des acteurs industriels et financiers. L’opposition de Glencore et CMOC se fait aussi sur fond de rivalité économique sur le marché. En 2023, à la suite de la chute des prix sur le marché mondial, Glencore avait dû ralentir sa production sur ses mines de KCC et Mutanda. Un ralentissement qui avait profité à CMOC qui, n’ayant pas ralenti sa production, est depuis devenu le premier producteur mondial.

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