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La Chine conseille à ses entreprises en Afrique d’éviter des liens politiques

Un compte WeChat du gouvernement de Shanghai a publié une note détaillée expliquant pourquoi il est si important pour les entreprises chinoises en Afrique de se tenir à l'écart de la politique locale. Image via Xinhua.

Les entreprises chinoises estiment traditionnellement que le guanxi (关系) — c’est-à-dire l’établissement de liens étroits avec les gouvernements — est la clé du succès, une mentalité largement influencée par le système politique chinois. Mais en Afrique, cette approche peut se retourner contre elles.

Dans une démarche rare, une publication officielle chinoise recommande aux entreprises opérant en Afrique de ne pas se rapprocher excessivement des politiciens locaux.

L’article, intitulé « Stratégies de gestion des risques face à l’instabilité électorale en Afrique » (非洲国家“选情失控”的避险策略), a été publié sur le compte officiel WeChat « Go Global Service Port » (走出去服务港), géré par la Commission municipale du commerce de Shanghai.

Le texte fournit une analyse détaillée des risques politiques en Afrique, tels que les conflits tribaux, les inégalités économiques et les rivalités entre puissances étrangères (États-Unis, France, Russie). Il souligne que l’instabilité politique peut perturber les opérations des entreprises chinoises, en prenant comme exemple le gouvernement militaire du Niger qui a annulé des accords pétroliers et réclamé des arriérés d’impôts à une entreprise chinoise.

NEUTRALITÉ POLITIQUE :

Pendant les périodes électorales sensibles, les entreprises doivent suivre le principe de « non-intervention, non-déclaration, non-alignement ». Cela signifie éviter tout comportement pouvant être perçu comme un soutien politique : ne pas afficher de préférence pour un candidat, ne pas assister à des rassemblements de campagne, et ne pas effectuer de dons susceptibles de lier l’entreprise à un groupe politique.

CONNAISSANCE LOCALE :

Dans les pays où les dynamiques tribales sont influentes, il est essentiel de construire des relations de confiance avec les chefs communautaires par des investissements sociaux (éducation, santé). Il convient aussi de répartir équitablement les ressources et les opportunités d’emploi pour prévenir les tensions électorales pouvant perturber l’activité. Dans les pays dotés d’un système juridique plus solide, l’accent doit être mis sur l’embauche locale et la formation au respect des règles, afin de garantir la conformité des activités avec la législation durant les périodes électorales.

ASSURANCE RISQUE POLITIQUE :

Dans les pays à haut risque, il est recommandé de souscrire une assurance contre les risques politiques pour se protéger contre les ruptures de contrat, les saisies gouvernementales ou les changements soudains de politique. Il est aussi crucial de diversifier ses marchés pour réduire la dépendance à un seul pays. Dans les pays plus stables, l’enjeu est d’assurer une continuité des politiques, via des canaux de communication réguliers avec les autorités et les associations professionnelles.

CONFORMITÉ JURIDIQUE :

Dans les pays où l’état de droit est faible, les entreprises doivent collaborer étroitement avec des juristes locaux pour inclure des clauses de force majeure dans les contrats, définir des mécanismes clairs d’indemnisation en cas de rupture par l’État, et instaurer un processus rapide de vérification de conformité. Dans les pays dotés d’une justice plus établie, il faut s’appuyer sur les procédures judiciaires et intégrer dans les contrats des clauses permettant de quantifier et gérer les risques de changements politiques.

GESTION DE CRISE :

Dans les environnements très instables, les entreprises doivent mettre en place des systèmes d’alerte précoce sur les risques politiques, établir des contacts directs avec les services de sécurité locaux, planifier des itinéraires d’évacuation et des abris sécurisés, et — là où c’est autorisé — employer du personnel de sécurité armé. Dans les pays moins risqués, l’objectif est de maintenir une communication transparente avec les autorités locales et les communautés, et de s’appuyer sur des mécanismes régionaux de réponse d’urgence.

L’article recommande également aux entreprises d’interdire à leurs employés de discuter des élections sur les réseaux sociaux ou en public.

Cependant, il précise que tous les pays africains ne présentent pas les mêmes risques. « Dans des pays comme la Tanzanie et le Kenya, les transitions gouvernementales ont un impact relativement limité sur les contrats d’affaires. »

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