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Un plaidoyer pour une coopération entre les institutions chinoises et occidentales de financement du développement

Par Oyintarelado (Tarela) Moses

Les prêteurs chinois qui participent à l’initiative “Belt & Road » (BRI) exercent leurs activités dans un écosystème plus large de financement pour le développement. Ce tissu complexe d’acteurs travaille dans un espace de financement coordonné, comprenant des institutions de financement au développement, des banques commerciales, des entreprises, des investisseurs privés et des assureurs d’investissement, pour n’en citer que quelques-uns. Les contributions de ces institutions visent à combler les vastes lacunes en matière d’infrastructures et de financement vert nécessaires à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU pour 2030 dans le Sud. À l’heure actuelle, certains sont peut-être capables de résumer ces déficits de financement par cœur : pour atteindre les objectifs des ODD d’ici 2030, il faut investir chaque année 1 400 milliards de dollars supplémentaires, soit 2 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, dans les infrastructures de base, et environ 700 milliards de dollars par an dans le financement du climat pour atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2050.

Les engagements de prêts de 160 milliards de dollars pris par les banques stratégiques et commerciales chinoises en faveur des gouvernements africains entre 2000 et 2020 ont contribué à combler ces déficits de financement. Dans l’ère post-pandémique, les institutions chinoises sont prêtes à poursuivre leurs contributions en encourageant des modes de financement plus diversifiés pour les infrastructures et en mettant l’accent sur l’écologisation de la BRI. Toutefois, les prêts chinois à l’Afrique ont diminué depuis 2016, ou 2013 si l’on exclut l’Angola. Si cette tendance se poursuit, la pénurie de ressources pour financer les infrastructures et une transition verte dans la région va s’accentuer.

Alors que les prêts directs connaissent actuellement une accalmie, que peut faire la Chine pour soutenir les options de financement en Afrique ?

L’une des solutions consiste à encourager les prêteurs et les investisseurs chinois à développer les possibilités de coopération avec les institutions financières hors de Chine. Dans le cadre d’une forme de coopération triangulaire, les institutions chinoises pourraient se joindre à des institutions du Nord et du Sud, y compris des institutions africaines, pour soutenir le financement de projets de développement dans le Sud.

Dans une certaine mesure, cette coopération a déjà lieu. En 2020, la Chine a créé le Centre de coopération multilatérale pour le financement du développement (MCDF), une plateforme multilatérale reliant la BRI au ministère chinois des finances et à huit banques multilatérales de développement, dont la Corporacion Andina de Fomento (CAF), la Banque interaméricaine de développement (BID) et le Groupe de la Banque mondiale. Le MCDF est un mécanisme de financement multilatéral qui vise à compléter d’autres initiatives et à soutenir la mise en œuvre des ODD, des principes d’infrastructure de qualité du G20 et de l’Accord de Paris.

Au niveau institutionnel, il existe également des niveaux de coopération, notamment la signature d’un protocole d’accord de coopération entre la Banque de développement de Chine et l’Agence française de développement (AFD) en 2018, qui a ensuite conduit au cofinancement du projet d’assainissement de la baie de Hann à Dakar, au Sénégal. Des cofinancements entre la Banque asiatique de développement, dirigée par l’Occident, et la Banque asiatique d’investissement des infrastructures, établie par la Chine, ont également eu lieu au cours des années précédentes, mais les centres d’intérêt régionaux de ces banques signifient que peu de choses ont encore été fournies aux pays africains.

Compte tenu de ces voies de coopération existantes, de nouveaux mécanismes de collaboration devraient être établis pour soutenir le financement du développement en Afrique. Une coopération accrue dans la région entre les institutions financières chinoises et les institutions dirigées par des Africains et des Occidentaux serait bénéfique tant pour les pays hôtes que pour les institutions de développement. La coopération sous la forme d’un cofinancement et de la création de fonds communs, à l’instar du fonds « Africa Growing Together« , permettrait d’attirer des financements de sources multiples afin d’accroître la capacité d’investissement dans de nouveaux projets. Elle pourrait également aider les prêteurs et les investisseurs à partager les risques liés aux projets (par exemple, les risques commerciaux, politiques et technologiques) et à échanger les meilleures pratiques en matière de normes de financement. La collaboration avec les banques régionales permettrait d’accroître le partage d’informations sur les instruments de financement efficaces et sur la région.

Les sceptiques pourraient dire que ces appels à une plus grande coopération avec la Chine sont, au mieux, trop optimistes et, au pire, naïfs. Cependant, les récentes orientations interministérielles de la Chine sur le développement vert de la BRI sont remarquablement positives en ce qui concerne la coopération avec le Sud et le Nord.

Il faudra peut-être convaincre les institutions multilatérales et bilatérales occidentales de coopérer davantage avec la Chine. Toutefois, compte tenu des importants déficits de financement, il serait opportun de mettre de côté les contraintes géopolitiques pour soutenir une infrastructure et une base d’énergie renouvelable pour atteindre les ODD.

Oyintarelado (Tarela) Moses est analyste de données et gestionnaire de base de données pour la Global China Initiative au Global Development Policy Center de l’université de Boston.

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