La République démocratique du Congo semble décidée à utiliser son levier de négociation vis-à-vis des entreprises chinoises et d’autres producteurs miniers afin d’obtenir d’elles des concessions majeures dans la transformation locale du cobalt.
C’est ce qu’a laissé entendre le ministre congolais des Mines, Louis Watum, qui a déclaré, selon Bloomberg, que les autorités congolaises étaient en discussion avec plusieurs compagnies minières, dont le géant chinois CMOC (premier producteur mondial de cobalt). L’objectif : renégocier les quotas imposés en échange, éventuellement, de la mise en place d’usines de transformation en RDC.
La nouvelle politique congolaise prévoit le remplacement du moratoire sur les exportations de cobalt, en vigueur depuis février 2025, par un système de quotas qui entrera en vigueur à la mi-octobre 2025 et qui limitera les exportations totales du cobalt à 18 600 tonnes pour l’année 2025.
Cette réforme pourrait fortement affecter les revenus des entreprises minières, particulièrement CMOC, pour qui il serait difficile de maintenir ses marges dans ces conditions.
À travers ce mécanisme, Kinshasa cherche à mieux contrôler les prix du cobalt sur le marché mondial, maintenant les prix élevés afin d’attirer et rentabiliser les investissements dans le secteur de la transformation du cobalt au niveau local.
Jusqu’à présent, les compagnies minières opérant en RDC se contentent d’exporter du cobalt sous forme d’hydroxyde, une transformation primaire qui représente un niveau légèrement supérieur à l’exportation du minerai brut. Dans cet état, la teneur réelle en cobalt varie entre 20 et 40 %. C’est ce type de produit qu’exporte généralement CMOC.
Pour progresser dans la chaîne de valeur, l’hydroxyde peut être transformé en cobalt métal ou en sulfate de cobalt,utilisés dans les superalliages, aimants, précurseurs des batteries électriques. À ce stade, le cobalt exporté connaitrait une plus-value allant de 5 à 50%, comparée à l’hydroxyde de cobalt, selon qu’il s’agisse du cobalt métal ou du sulfate de cobalt.
Si les autorités congolaises parviennent à obtenir un accord avec les entreprises minières, plusieurs défis structurels demeurent cependant :
- un approvisionnement électrique fiable et continu, les usines de raffinages ayant un besoin énormes en électricité continu et permanent; le secteur minier en RDC souffre d’un déficit en énergie de 900 MW
- Un accès suffisant à l’eau, le raffinage hydrométallurgique consommant d’importantes quantités d’eau.
- une chaîne logistique chimique capable de fournir les intrants nécessaires au raffinage ;
- des infrastructures routières et de transport adaptées pour l’exportation.
Sans ces prérequis, les ambitions de Kinshasa risquent de rester théoriques.
En 2024, CMOC avait déjà invoqué ces difficultés pour justifier son incapacité à répondre favorablement aux demandes congolaises. À défaut de résoudre ces problèmes, la RDC pourrait se retrouver dans une situation comparable à celle du Zimbabwe, qui a dû assouplir son interdiction d’exportation de lithium brut face à la chute des prix et à des contraintes structurelles persistantes.
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