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Les provinces chinoises dans la Chine-Afrique

Les provinces chinoises dans la Chine-Afrique

Lors du dernier Focac à Dakar, la Chine avait exprimé la volonté de voir plusieurs acteurs chinois s’impliquer en Afrique. L’appel avait été lancé au secteur privé de se lancer dans l’aventure africaine. Déjà présente, sa présence a souvent été occulté en faveur des gros investissements et projets des sociétés d’Etat chinoises.

Un autre groupe d’acteurs chinois émerge dans la sphère sino-africaine et ce sont les provinces chinoises. Depuis quelques mois plusieurs ont multiplié des engagements et activités commerciales avec plusieurs pays africains. Des foires commerciales aux projets logistiques, les provinces chinoises deviennent de plus en plus présentes dans les relations sino-africaines.

Quelles sont ces provinces et quel est l’impact qu’elles peuvent avoir, sont là autant de questions que nous avons abordé avec Eric Olander, directeur général du China Global South Project, qui a accepté de nous éclairer sur ces nouveaux acteurs.

GERAUD NEEMA : Comment expliquez-vous le rôle de plus en plus important que jouent désormais les provinces chinoises dans l’engagement de la Chine en Afrique ? 

ERIC OLANDER : Lorsque la plupart des gens pensent à la « Chine » en Afrique, ils ont tendance à penser au gouvernement central chinois de Pékin et aux grandes entreprises d’État du pays. Si cela était largement vrai au début de l’engagement de la Chine en Afrique, au début des années 2000, ce n’est plus le cas aujourd’hui. 

Le gouvernement central prend de plus en plus de recul pour laisser la place aux acteurs dits sub-nationaux comme les entreprises privées, les grandes villes et, surtout, les gouvernements provinciaux. Nous avons vu cette tendance s’accélérer dans le sillage de la conférence du FOCAC de l’année dernière à Dakar, où la partie chinoise a fait un effort concerté pour changer le récit du financement du développement par l’État, qui a été au centre de la relation, pour le remplacer par un récit basé davantage sur le commerce entre un groupe plus large de parties prenantes.

En 2023, cette tendance ne fera que s’accentuer, mais le problème est que très peu de personnes en dehors de la Chine semblent vraiment comprendre les distinctions entre tous les nouveaux acteurs de la sphère Chine-Afrique. Il y a un manque crucial de connaissances sur ces nouveaux acteurs et sur ce que chacun d’entre eux fait en Afrique. L’époque où l’on considérait la « Chine » comme une entité unique est révolue.

GERAUD NEEMA : Quelles sont les provinces chinoises sont les plus en vue dans cette stratégie et pourquoi ?

ERIC OLANDER: Aujourd’hui deux provinces mènent la danse. Nous avons la province du Hunan et le Zhejiang.

1. Hunan : situé dans le centre-sud de la Chine, le Hunan apparaît comme la province chinoise la plus dynamique et la plus ambitieuse désormais active en Afrique. Nous devons garder trois à l’esprit : 

  • La capitale Changsha accueille l’une des plus grandes foires commerciales Chine-Afrique.
  • Changsha fait partie du nouveau pont aérien avec Addis-Abeba, apportant des tonnes d’agriculture africaine.
  • Les universités du Hunan mènent depuis longtemps des recherches sur l’agriculture africaine.

2. Zhejiang : situé sur la riche côte orientale de la Chine, le Zhejiang abrite une communauté florissante de la diaspora africaine et est l’un des principaux centres industriels/technologiques du pays.

  • La capitale Hangzhou est la ville d’origine d’Alibaba et d’autres entreprises technologiques qui étendent désormais leur présence en Afrique.
  • Une grande partie du cobalt et d’autres ressources stratégiques extraites en Afrique, qui sont maintenant essentielles pour les véhicules électriques, sont toutes traitées dans le Zhejiang.
  • La ville de Yiwu abrite la deuxième plus grande communauté de la diaspora africaine en Chine et est également un important centre commercial africain.

GERAUD NEEMA : Qu’est-ce que les pays africains peuvent espérer obtenir de ces provinces et qu’ils n’obtiennent pas ou plus directement de Pékin?

ERIC: Si les pays africains veulent s’assurer que les volumes d’échanges commerciaux et les IDE chinois, en constante augmentation, demeurent sur la bonne voie, ils vont devoir devenir plus avertis au sujet de ces acteurs sub-nationaux.

Ils n’ont tout simplement pas le choix car les priorités du gouvernement central chinois ont changé. La réalité économique est que les deux principales banques politiques du pays, qui ont financé des dizaines de milliards de dollars de développement des infrastructures africaines, ne sont plus intéressées par le financement de projets à grande échelle en Afrique. Les choses ont également changé sur le plan politique, Pékin qui accorde désormais plus d’attention à l’Asie centrale et du Sud-Est, et moins aux régions lointaines comme l’Afrique.

Pour être clair, l’engagement de la Chine en Afrique restera important, mais il sera le fait d’un éventail d’acteurs beaucoup plus diversifié

Note: Une seconde partie détaillant les autres provinces chinoises sera publiée la semaine prochaine

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