Des chercheurs de l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale, en Allemagne, ont lancé une nouvelle base de données sur la dette africaine qui confirme un argument clé de la Chine : les prêts accordés par Pékin aux pays africains sont nettement moins chers que ceux des créanciers commerciaux.
Cependant, David Mihalyi et Christoph Trebesch, deux éminents spécialistes de la dette africaine, ont également constaté que les prêts chinois sont considérablement plus chers que ceux des prêteurs multilatéraux tels que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.
Mihalyi et Trebesch ont dévoilé leurs conclusions cette semaine dans le cadre du lancement de la nouvelle base de données sur la dette africaine, qui répertorie plus de 7 400 prêts entre 2000 et 2020 pour un montant de 790 milliards de dollars.
Points essentiels
- LES TAUX D’INTÉRÊT MOYENS : « Nous documentons une grande variation dans les conditions de prêt à travers les pays, la période et les créanciers en tirant parti des riches microdonnées qui sont maintenant disponibles. Les obligations extérieures souveraines ont des taux d’intérêt de 6 % en moyenne, les banques chinoises facturent 2 à 4 % et les organisations multilatérales seulement 1 %. »
- MÊME CRÉANCIER, TAUX DIFFÉRENTS : Il est frappant de noter que de nombreux gouvernements empruntent simultanément auprès de ces différents groupes de créanciers à des taux très différents. Les grandes différences dans les coûts du service de la dette sont le signe d’une subvention entre créanciers, puisque les prêts concessionnels peuvent être utilisés pour payer des intérêts plus élevés à des créanciers privés ou chinois.
POURQUOI C’EST IMPORTANT: Cette base de données met en évidence la matrice complexe de la dette qui existe aujourd’hui dans de nombreux pays africains, mettant à mal le narratif réducteur mis en avant par les responsables américains, selon lequel la Chine est largement responsable du problème. Cependant, les données mettent également à mal les déclarations fréquentes de la Chine selon lesquelles ses prêts sont les moins chers disponibles, alors que ce n’est pas le cas.
LECTURE RECOMMANDÉE:
- Kiel Institute for the World Economy: Who Lends to Africa and How? Introducing the Africa Debt Database par David Mihalyi and Christoph Trebesch
- South China Morning Post: China denies creating ‘debt trap’ for African countries par Jevans Nyabiage