Des pays vulnérables comme la Zambie pourraient être ruinés si on laisse la géopolitique s’emparer de la renégociation de leurs dettes. Ainsi prévient Deborah Brautigam, spécialiste de l’Afrique et de la Chine et de la dette, dans un récent article paru dans Foreign Affairs.
L’article est très utile pour ceux qui suivent la crise de la dette. Il rend compte des complexités qui sous-tendent les différentes positions dans la controverse actuelle sur la dette.
M. Brautigam explique comment les luttes entre les différentes parties prenantes chinoises expliquent la réticence de Pékin sur les points clés de l’allégement de la dette. Garder Pékin à bord est essentiel pour obtenir des résultats à court terme pour des pays comme la Zambie.
Cependant, les crises actuelles révèlent également d’énormes failles dans le système international qui régit l’allègement de la dette. Les crises actuelles vont donc façonner les règles qui guideront les futures renégociations de la dette.
Le fait que Washington et Pékin cherchent à marquer des points géopolitiques rend les crises futures plus probables, tout en faisant traîner les solutions aux urgences actuelles.
- CE QUE LES AUTRES DOIVENT FAIRE : « Pour garder la Chine à bord, les autres pays du G20 doivent soutenir un partage plus équitable des charges financières entre les créanciers privés, publics, et peut-être multilatéraux, et les États-Unis doivent repenser leur stratégie à court terme consistant à présenter la Chine comme un acteur non coopératif. »
- CE QUE LA CHINE DOIT FAIRE : « Pékin doit accepter que les réductions de dettes sont inévitables et convaincre les sceptiques au sein du gouvernement et du Parti communiste chinois de rester engagés dans le processus. »
- CE QUE LES ÉTATS-UNIS DOIVENT FAIRE : « Les États-Unis se fragilisent chaque fois qu’ils utilisent leur tribune pour critiquer les actions de la Chine en tant que créancier tout en gardant le silence sur les créanciers privés américains et les autres gouvernements amis des États-Unis (comme l’Arabie saoudite) qui se sont montrés moins enclins à aider les pays pauvres à restructurer sérieusement leurs dettes souveraines. »
POURQUOI C’EST IMPORTANT ? Ce qui se passe actuellement en Zambie et au Sri Lanka se produira bientôt ailleurs dans les pays du sud. De nouvelles formes plus efficaces de restructuration de dette sont cruciales, et la Chine a un rôle clé à jouer.
LECTURE RECOMMANDÉE :
- Foreign Affairs: The Developing World’s Coming Debt Crisis par Deborah Brautigam
- Project Syndicate: China and the Sovereign Debt Bomb par Anne O. Krueger