En demandant à Taiwan de déménager son bureau de représentation de Prétoria vers Johanesbourg, la capitale économique, l’Afrique du Sud ne s’engage t-elle pas dans un bras de fer inutile avec Taiwan, tout en énervant un peu plus les Etats-Unis qui soutiennent la petite ile indépendantiste face à la Chine?
C’est la question que l’on peut se poser au vue du refus de Taiwan d’obtempérer à la demande des autorités sudafricaines et à la colère que la demande de Prétoria a suscité aux Etats-Unis où Jim Risch, membre de la commission des affaires étrangères du Sénat, a demandé que l’Afrique du Sud soit désormais considéré comme un pays hostile aux intérêts américains.
Depuis bientôt une année, la proximité affichée de Prétoria avec Moscou et la Chine et les accusations portée contre Israel devant la cour de justice internationale sur la guerre à Gaza, ne plaisent pas à Washington où démocrates et républicains appellent à une réevaluation des relations des Etats-Unis et l’Afrique du Sud. La suspension de l’Afrique du Sud de l’AGOA avait même été evoquée. C’est vous dire combien les postures de Prétoria irritent à Washington.
Alors que les deux parties tentent de calmer les tensions, il est difficile de comprendre, en ce moment, le choix de l’Afrique du Sud, visiblement répondant à une demande pressante de Pékin, de demander à Taiwan de bouger son bureau de représentation à Johanesbourg. La déclaration, la semaine passée, de la porte parole du ministère chinois des affaires étrangères, Mao Ning, répercutée sur X par le directeur Afrique, Du Xiaohui, saluant la décision des autorités sudafricaines, tendent à confirmer en effet l’influence de Pékin derrière la dite décision.
Autant que l’Afrique du Sud reste un pays souverain libre de déterminer le lieu approprié pour l’emplacement d’une quelconque mission étrangère sur son territoire, autant il semble qu’il n’y ait que très peu de gains politiques à pousser la question en ce moment-ci et créer de nouvelles tensions avec les Etats-Unis.
La décision ne semble revêtir aucun caractère urgent qui puisse justifier la décision de Prétoria. Jusqu’à présent, Taipei a rejeté la demande sudafricaine, ce qui pourrait bien forcer Prétoria, s’il tient à sa décision, à faire usage de moyens coercitifs pour déguerpir le bureau. Un recours qui n’arrangerait pas les choses avec Washington.
Répondant à la demande de Pékin, l’Afrique du Sud ne s’est-elle pas lancée dans une prise de bec inutile qui ne lui rapportera certainement aucun nouvel avantage avec la Chine? Que peut bien gagner l’Afrique du Sud à faire le forcing sur une question dans laquelle le status-quo ne dérangerait que l’égo d’un pays tiers, ami et allié fut-il.






