Le premier exportateur mondial de cobalt, le groupe chinois CMOC, pourrait être le grand perdant de la nouvelle politique congolaise de quotas d’exportation appelée à remplacer, dès la mi-octobre, le moratoire en vigueur sur les exportations de cobalt.
Kinshasa a en effet décidé de prolonger jusqu’au 15 octobre 2025 l’interdiction d’exportation avant de mettre en place, à partir du 16 octobre, un système de quotas destiné à encadrer les volumes sortant du pays. L’objectif déclaré est de n’exporter que 96 600 tonnes pour 2026 et 2027.
Dans sa décision, l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Marchés des Substances Minérales (ARECOMS) a défini les critères et conditions d’application de ces mesures. Toutes les entreprises ne sont toutefois pas concernées : certaines bénéficieront d’exemptions. Les quotas viseront en priorité les sociétés ayant exporté plus de 100 tonnes de cobalt en 2024. Une condition qui place quasiment toutes les entreprises minières sous quota.
Cependant, certains, vont subir le coup bien plus que d’autres. Selon les directives de l’ARECOMS, seuls 18 125 tonnes pourront être exportés de la RDC pour l’année 2025. Une quotité que devront se partager la dizaine d’entreprises minières opérant dans ce secteur en RDC. En terme de comparaison, cette quantité représente près de 15% de la production annuelle de 2025 prévue par CMOC.


Le défi est de taille pour le Chinois ; au premier semestre 2025, CMOC avait déjà produit près de 62 000 tonnes de cobalt sur un objectif annuel de 120 000 tonnes. Si la cadence se maintient, la société atteindra, voire dépassera, ses prévisions. Mais avec l’entrée en vigueur des quotas, elle ne pourra exporter qu’une infime fraction de sa production annuelle de 2025. Au regard des objectifs annuels affichés par l’ARECOMS – 96000 tonnes en 2026 – CMOC ne pourra pas non plus épuiser tout son stock durant les deux prochaines années.
La mise en place de ces quotas annonce des jours très sombres pour le géant chinois qui subira de plein fouet, bien plus que les autres producteurs, les conséquences de cette mesure qui finalement n’est pas si différente du moratoire sur les exportations qu’elle remplace.
Il sied de rappeler que dès la mise en place de cette interdiction, CMOC plaidait pour sa levée pure et simple par les autorités congolaises. En juin 2025, IXM, la branche trading de CMOC, avait déclaré un cas de force majeure sur ses livraisons d’hydroxide de cobalt.
Les autorités congolaises semblent avoir particulièrement visé CMOC qu’elles jugent responsable de la chute des prix du cobalt par sa surproduction. Devant la presse à New York, le président congolais Felix Tshisekedi a explicitement nommé CMOC comme responsable du surplus sur le marché qui a conduit à la chute des prix. Les relations entre CMOC et les autorités congolaises sont dans une phase difficile depuis la crise qui avait opposé CMOC à son partenaire la Gécamines sur le projet Tenke Fungurume MIning en 2021.
Pour le gouvernement congolais, il s’agit tant soit que peu de reprendre la main sur les prix du cobalt. L’objectif affiché, tel qu’exprimé par le président du conseil d’administration de la Gécamines Guy-Robert Lukama, c’est de parvenir à un prix qui permettra de rendre rentables des investissements dans la transformation du cobalt en RDC. Ce prix n’a pas été rendu public.



