Lors d’une audience à Pékin avec le général Rudzani Maphwanya, ministre de la défense sud-africaine, le ministre chinois de la Défense, Dong Jun, a réaffirmé la solidarité de la Chine envers l’Afrique du Sud face à ce qu’il a qualifié de « pressions et de chantage » exercés par certaines puissances étrangères. Cette déclaration intervient dans un contexte de relations tendues entre Pretoria et Washington, exacerbé par la décision américaine d’octroyer en masse un statut de réfugiés à 59 fermiers afrikaners blancs, mesure jugée par l’Afrique du Sud comme une interprétation politisée et infondée d’une situation interne.
Dans ses propos, Dong Jun n’a pas manqué de souligner l’ancienneté des liens unissant Pékin et Pretoria, issus du soutien apporté à l’ANC durant la lutte contre l’apartheid. Il a ainsi rappelé que cette « camaraderie historique » sert de socle à une coopération renforcée, en particulier au sein du cadre du BRICS, où l’Afrique du Sud, la Chine et la Russie ont déjà conduit des exercices navals conjoints, au grand déplaisir de Washington qui y voit un alignement idéologique contre les Etats-Unis.
Au niveau idéologique, Pékin a profité de cette rencontre pour mettre en avant sa Global Security Initiative, positionnée comme une alternative au modèle de sécurité occidentale : elle privilégie selon Pékin le dialogue face à la confrontation, la coopération plutôt que la construction de blocs et les avantages partagés plutôt que la logique de puissance. Ce concept trouve aujourd’hui un terrain d’application concret dans les déclarations officielles du ministère de la Défense et s’inscrit dans une stratégie plus large destinée à remodeler les normes du multilatéralisme international.
Par ce discours politique affirmé, Pékin cherche à se positionner comme un pourvoyeur d’un « véritable » ordre mondial multilatéral, capable de tempérer l’influence traditionnelle des États-Unis en Afrique subsaharienne. Cette posture, prononcée par un haut responsable militaire, témoigne de l’importance accordée à l’Afrique du Sud par Pékin dans sa stratégie de construction d’alliance. Après la visite de Cyril Ramaphosa à Washington, et la conférence de presse quelque peu bizarre à la maison blanche, les officiels chinois n’avaient pas hésité à prendre d’assaut les réseaux sociaux rappelant à l’Afrique du Sud que Pékin la traitera toujours avec respect.
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