Le proverbe chinois « Si tu veux t’enrichir, construis d’abord une route » trouve-t-il un écho au Malawi ? Le pays, enclavé d’Afrique australe, souffre d’une pauvreté extrême : plus de 70 % de sa population vit sous le seuil d’extrême pauvreté, et l’agriculture fait vivre l’essentiel des ménages. Dans ce contexte, l’amélioration des routes est perçue comme un levier crucial de développement.
Selon Ammiel Champiti, directeur de la Road Authority, de meilleures infrastructures routières facilitent l’accès aux marchés, stimulent les revenus des ménages et favorisent l’intégration régionale. L’exemple le plus cité est la route Karonga-Chitipa, longue de 102 km, construite grâce à une subvention chinoise de 70 millions de dollars et achevée en 2013. Avant son bitumage, le trajet prenait jusqu’à six heures ; aujourd’hui, il n’en faut que deux. Le trafic accru a entraîné une hausse du nombre de véhicules, la création de petites entreprises et l’amélioration de l’accès aux services sociaux.
Des habitants témoignent de cette transformation : Langifored Ndhlozi a ouvert une station de lavage de voitures qui emploie désormais sept jeunes, tandis que la commerçante Kettie Msukwa affirme que la route a changé la donne pour ses affaires. Dans la capitale, Lilongwe, la réhabilitation du M1 par des entreprises chinoises et européennes a réduit les embouteillages et stimulé le commerce local.
Mais les limites sont évidentes. Les dévaluations successives du kwacha, la pénurie de devises et la crise du carburant freinent l’élan. De nombreuses commerçantes se plaignent des coûts de transport exorbitants imposés par les transporteurs, souvent liés au marché noir du carburant. Ainsi, malgré des routes modernisées, les bénéfices économiques restent incertains.
En conclusion, si les routes construites par les entreprises chinoises au Malawi améliorent la connectivité et stimulent certains secteurs, elles ne suffisent pas, à elles seules, à transformer la pauvreté structurelle en prospérité. Le proverbe chinois s’applique donc partiellement : la route est une condition nécessaire, mais non suffisante, au développement.






